September 20, 2024
Dans sa sixième saison, en ligne sur Netflix, la série s’empare des dernières semaines de la princesse de Galles et de Dodi Al-Fayed en s’octroyant quelques libertés scénaristiques. Elizabeth Debicki, la Lady Di de la saison 6 de « The Crown ». Photo Charlotte Hadden/Netflix Par Anaïs Bordages Publié le 19 novembre 2023 à 17h30 Partage LinkedIn Facebook X (ex Twitter) Envoyer par email Copier le lien Lire dans l'application Nombreux sont ceux qui se souviennent de l’endroit où ils se trouvaient le 31 août 1997, lorsque la mort de Diana a été annoncée. Ce moment historique a tellement pénétré l’imaginaire populaire qu’il apparaît même dans Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001) comme élément déclencheur du récit. La saison 6 de The Crown, sur Netflix depuis le 16 novembre, avait donc un défi de taille à relever : raconter à sa manière un des épisodes les plus médiatisés, mais aussi les plus mémorables, de notre histoire contemporaine. Si la figure de Diana suscite encore une immense fascination, les représentations de sa mort, elles, sont relativement rares dans la fiction. Il y a bien eu The Murder of Princess Diana, un téléfilm de 2007 relayant des théories du complot. Mais aussi et surtout The Queen, le film réalisé par Stephen Frears… et écrit par Peter Morgan, le créateur de The Crown. Dans ces deux œuvres, l’accident lui-même est suggéré plutôt que montré. Le scénariste britannique avait au départ envisagé de ne pas inclure Diana dans la série. Finalement, avec quatre épisodes entièrement consacrés aux dernières semaines de la princesse, l’auteur de The Queen s’aventure en terrain connu – parfois à la réplique près. Découvrir la note et la critique “The Crown”, saison 6 : une première partie étrangement people pour dire adieu à Diana Une redite particulièrement frappante dans l’épisode 4, qui revient, comme le film, sur le silence très critiqué de la reine avant les funérailles. Mais alors que The Queen démarre avec l’accident, The Crown a le luxe de revenir sur les événements qui l’ont précédé. L’épisode 3 bâtit notamment une tension palpable, alors que chaque déplacement de Diana est perturbé par l’omniprésence des paparazzi, et que tout le monde, y compris elle-même, souhaite son retour à Londres. Car si l’on en croit la série, c’est parce que Dodi Al-Fayed souhaitait la demander en mariage qu’il a insisté pour faire ce détour fatal par Paris – dans la réalité, leurs fiançailles n’ont jamais pu être confirmées. Trimballée de voiture en voiture Il s’agit là de l’aspect le plus surprenant de ces épisodes. Ayant déjà analysé la tragédie du point de vue de la reine dans le film de Stephen Frears, Peter Morgan met Elizabeth II, personnage central de la série, de côté, et reporte son attention sur la famille Al-Fayed, quitte à charger la barque. The Crown dresse notamment un portrait peu flatteur de Mohamed Al-Fayed : opportuniste, manipulateur, et obsédé par l’idée de marier son fils à Diana. Mais le plus regrettable, c’est de voir Diana si passive dans ses derniers moments, trimballée de voiture en voiture, subissant constamment les décisions de ceux qui l’entourent. Son personnage ne retrouvera un peu d’autonomie qu’après sa mort. Pour tenter de lui donner le dernier mot, Peter Morgan s’est en effet autorisé une petite liberté, qui a beaucoup fait parler avant même la sortie des épisodes : faire revenir Diana et Dodi sous la forme d’apparitions, qui dialoguent avec leurs proches endeuillés. S’agissant de licence créative, on préférera retenir le sublime Spencer de Pablo Larraín, qui racontait trois journées anxiogènes de la princesse en 1991. L’une des dernières scènes du film montre la jeune femme au volant de sa voiture, chantant à tue-tête avec ses fils. Une image pleine d’espoir et de poésie, qui annonce la tragédie à venir, mais refuse de la laisser gagner. The Crown, saison 6, partie 1, drame créé par Peter Morgan (Grande-Bretagne, 2023), 4 × 45 à 60 mn. Avec Elizabeth Debicki, Dominic West, Imelda Staunton. Sur Netflix.

Dans sa sixième saison, en ligne sur Netflix, la série s’empare des dernières semaines de la princesse de Galles et de Dodi Al-Fayed en s’octroyant quelques libertés scénaristiques.

Elizabeth Debicki, la Lady Di de la saison 6 de « The Crown ».

Elizabeth Debicki, la Lady Di de la saison 6 de « The Crown ». Photo Charlotte Hadden/Netflix

Par Anaïs Bordages

Publié le 19 novembre 2023 à 17h30

Nombreux sont ceux qui se souviennent de l’endroit où ils se trouvaient le 31 août 1997, lorsque la mort de Diana a été annoncée. Ce moment historique a tellement pénétré l’imaginaire populaire qu’il apparaît même dans Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001) comme élément déclencheur du récit. La saison 6 de The Crown, sur Netflix depuis le 16 novembre, avait donc un défi de taille à relever : raconter à sa manière un des épisodes les plus médiatisés, mais aussi les plus mémorables, de notre histoire contemporaine.

Si la figure de Diana suscite encore une immense fascination, les représentations de sa mort, elles, sont relativement rares dans la fiction. Il y a bien eu The Murder of Princess Diana, un téléfilm de 2007 relayant des théories du complot. Mais aussi et surtout The Queen, le film réalisé par Stephen Frears… et écrit par Peter Morgan, le créateur de The Crown. Dans ces deux œuvres, l’accident lui-même est suggéré plutôt que montré. Le scénariste britannique avait au départ envisagé de ne pas inclure Diana dans la série. Finalement, avec quatre épisodes entièrement consacrés aux dernières semaines de la princesse, l’auteur de The Queen s’aventure en terrain connu – parfois à la réplique près.

Une redite particulièrement frappante dans l’épisode 4, qui revient, comme le film, sur le silence très critiqué de la reine avant les funérailles. Mais alors que The Queen démarre avec l’accident, The Crown a le luxe de revenir sur les événements qui l’ont précédé. L’épisode 3 bâtit notamment une tension palpable, alors que chaque déplacement de Diana est perturbé par l’omniprésence des paparazzi, et que tout le monde, y compris elle-même, souhaite son retour à Londres. Car si l’on en croit la série, c’est parce que Dodi Al-Fayed souhaitait la demander en mariage qu’il a insisté pour faire ce détour fatal par Paris – dans la réalité, leurs fiançailles n’ont jamais pu être confirmées.

Trimballée de voiture en voiture

Il s’agit là de l’aspect le plus surprenant de ces épisodes. Ayant déjà analysé la tragédie du point de vue de la reine dans le film de Stephen Frears, Peter Morgan met Elizabeth II, personnage central de la série, de côté, et reporte son attention sur la famille Al-Fayed, quitte à charger la barque. The Crown dresse notamment un portrait peu flatteur de Mohamed Al-Fayed : opportuniste, manipulateur, et obsédé par l’idée de marier son fils à Diana. Mais le plus regrettable, c’est de voir Diana si passive dans ses derniers moments, trimballée de voiture en voiture, subissant constamment les décisions de ceux qui l’entourent.

Son personnage ne retrouvera un peu d’autonomie qu’après sa mort. Pour tenter de lui donner le dernier mot, Peter Morgan s’est en effet autorisé une petite liberté, qui a beaucoup fait parler avant même la sortie des épisodes : faire revenir Diana et Dodi sous la forme d’apparitions, qui dialoguent avec leurs proches endeuillés. S’agissant de licence créative, on préférera retenir le sublime Spencer de Pablo Larraín, qui racontait trois journées anxiogènes de la princesse en 1991. L’une des dernières scènes du film montre la jeune femme au volant de sa voiture, chantant à tue-tête avec ses fils. Une image pleine d’espoir et de poésie, qui annonce la tragédie à venir, mais refuse de la laisser gagner.

The Crown, saison 6, partie 1, drame créé par Peter Morgan (Grande-Bretagne, 2023), 4 × 45 à 60 mn. Avec Elizabeth Debicki, Dominic West, Imelda Staunton. Sur Netflix.

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